cotisation fonciere des entreprises
La politique
Un millier de
commerçants et artisans dans la rue
Certes, l'Ucal, l'Union des commerçants et artisans du pays de Lorient,
espérait plus de monde. Mais ceux qui ont manifesté, hier, ont su montrer leur
exaspération et leur détermination.
En haut, un millier
de commerçants, artisans et patrons de PME ont manifesté dans les rues de
Lorient, hier. En bas à gauche, les restaurateurs avaient coiffé leur toque
pour dire leur colère au nom de toute la profession. A droite, devant l'hôtel
de ville, les manifestants ont trouvé porte close. |Afficher le diaporama
Ouest-France Christel MARTEEL et
Gaël CEREZ.Publié le 25/11/2013 à 21h06
La dernière fois qu'ils avaient manifesté en masse, c'était il y a un an contre
la hausse de la CFE (contribution foncière des entreprises) votée par les élus
de Lorient Agglomération. Les commerçants, artisans et patrons de PME s'étaient
fortement mobilisés. Ils avaient obtenu satisfaction puisque Norbert Métairie
avait accepté d'annuler la délibération et de s'asseoir sur 2,6 millions
d'euros. Hier, c'est un ras-le-bol général qu'ils ont manifesté contre les
taxes en tout genre qui les « étranglent ».
« C'est difficile de mobiliser »
Initiée par l'Ucal, la
manifestation n'a pas rassemblé autant de monde que prévu. « On
attendait plus de manifestants. Mais c'est difficile de mobiliser », semble
regretter le trésorier, Benoît Humbert. Pour autant, le millier de manifestants
a su se faire entendre. Et dans les premiers rangs, on a bien senti la campagne
électorale s'engager ! « L'an dernier, j'avais déjà dénoncé
la CFE. Je crois qu'il faut se calmer sur les impôts. Notamment sur les impôts
locaux », explique Jean Le Bot, accompagné de Fabrice Loher.
Trésoreries dans le rouge
Partis de l'Orientis, ils ont défilé
dans le centre-ville, banderoles et pancartes à la main. Pas toujours au point
sur les slogans, les chants ou le parcours, ils ont scandé leur colère au son
de « Hollande Démission » ou encore « Ayrault t'es
zéro ».
« On n'en peut plus. Trop de trésoreries
sont dans le rouge », crient ces chefs d'entreprises. Parmi eux, des
commerçants qui arrivent à peine à se sortir un salaire, des artisans en mal de
commande, des employeurs qui pestent contre le coût du travail... «
Nous sommes confrontés à une crise économique sans précédent. Les prélèvements
fiscaux et sociaux vont nous faire crever », s'inquiètent-ils.
Les prélèvements sociaux, autrement dit
le RSI (régime social des indépendants) avaient déjà fait sortir dans la rue quelques
membres de l'Ucal au printemps dernier. « Ça fait neuf mois qu'on fait
des demandes sur ce sujet et qu'on n'a aucune réponse ». Le député, Gwendal
Rouillard, devant la permanence duquel les manifestants se sont arrêtés, a reçu
les membres de l'Ucal, la semaine dernière. En son absence hier, son cabinet a
fait savoir qu'il « était intervenu auprès de Marisol Touraine sur le
RSI et auprès de Cahuzac quand il était au gouvernement. Le rendez-vous qui
s'est tenu jeudi dernier a permis d'évoquer avec les membres de l'Ucal ces
différentes démarches. Gwendal Rouillard veut poursuivre le dialogue pour
construire une fiscalité positive et incitatrice ».
En revanche, le dialogue semble beaucoup
plus compliqué avec Norbert Métairie. Après avoir déposé une motion à la
sous-préfecture, fait une halte devant la sécurité sociale prise pour le RSI et
l'Hôtel des impôts « exceptionnellement » fermé, les manifestants ont décidé de
boucler la boucle en allant à la maire. Sur place, c'est un rideau baissé
qu'ils ont trouvé comme accueil. « C'est scandaleux », ont-ils
pesté avant de se disperser.
CFE Les commerçants
et artisans ne décolèrent pas
Malgré un discours rassurant, Norbert Métairie n'a pas réussi à apaiser les
tensions. Plus d'un millier de chefs d'entreprises ont manifesté.
Des slogans
forts pour manifester la colère des commerçants et des artisans.
Ouest-France Françoise ROSSI et Christel MARTEEL. Publié le 22/11/2012 à 20h57
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Les commerçants et artisans peuvent aussi avoir une âme de manifestants.
S'ils étaient à peine une centaine et plutôt désorganisés la semaine dernière,
ils étaient 500, puis 800 et au final plus d'un millier, hier, à réclamer la
suppression de la CFE telle qu'elle a été votée le 30 septembre 2011 par les
élus de l'agglomération.
Pourtant, après une première réunion de concertation vendredi dernier où le
président a assuré qu'une baisse substantielle serait votée pour 2013, puis une
interview (lire Ouest-France d'hier) dans laquelle il
reconnaît le caractère inéquitable de la taxe et la possible revalorisation des
bases 2012 grâce à un amendement prévu par le gouvernement, on pouvait imaginer
que la grogne allait s'apaiser. C'est finalement le contraire qui s'est
produit. « Métairie, Métairie, les vaches à lait sont de sortie
», ont scandé les manifestants rassemblés devant Lorientis, avant de
défiler jusque dans le centre-ville.
Récupération politique ?
En tête du cortège, Jean le Bot,
conseiller municipal d'opposition à Lorient et à l'agglomération. Il avait voté
contre la hausse de la taxe en 2011. Il ne veut donc pas entendre parler de
récupération politique ! « Cette forte mobilisation montre bien que la
crise est profonde. Contrairement à ce qu'il dit, Norbert Métairie savait bien
les effets que ce vote aurait. Nous l'avions prévenu. Mais il n'écoute jamais
l'opposition. On voit bien aujourd'hui qu'il est désolé de cette situation. Mais
cela ne suffit pas. Maintenant, il faut des actes », réclame-t-il.
Des actes ou plus exactement des
chiffres précis, c'est bien ce que veulent à tout prix les commerçants et
artisans en colère. Ils sont allés les réclamer à la mairie, où les attendaient
sur le parvis Jean-Paul Solaro, adjoint chargé du développement économique,
Hervé Cornic et Jean-Philippe Delecroix, respectivement directeur général des
services de l'agglomération et directeur de cabinet du maire.
« Nous n'avons pas d'argent »
Après avoir envahi l'accueil de la
mairie, une délégation a été reçue. Ils n'ont pas pu voir « le roi » comme ils
appellent le président de l'agglomération, mais ils ont pu exprimer une
nouvelle fois leur colère et leurs inquiétudes. Autour de la table, un dentiste,
un artisan, un commerçant, un gérant de camping... De Lorient, Larmor ou
Guidel. « Vous avez peut-être besoin d'argent, mais nous n'en avons
pas. Il ne faut pas vous étonner qu'on soit en colère », ont-ils rappelé
aux élus et techniciens.
Après un échange parfois brouillon avec
des participants qui n'arrivent pas toujours à bien se comprendre, les
représentants des manifestants sont sortis sans chiffres précis à communiquer
mais avec un message clair : « Soyez rassurés. Nous avons entendu et
nous travaillons sans relâche pour trouver une solution équitable. Mais il faut
que l'on retrouve la sérénité ».
Le 29 novembre, une réunion doit avoir
lieu entre le président et les vice-présidents. Ils vont probablement
déterminer ensemble le taux qui sera soumis au vote lors du budget de l'agglo,
le 21 décembre. « Comprenez que ce n'est pas Norbert Métairie qui peut
en décider seul », est-il rappelé. Aujourd'hui, le ministre de
la Défense, Jean-Yves le Drian, est en visite à Lorient. Les leaders du
mouvement espèrent le rencontrer. Ramènera-t-il des annonces du gouvernement ?
À suivre...
Itinéraire d'une
taxe dont la base est multipliée par trois...
Ouest-FranceChristel MARTEEL.Publié le 12/11/2012 à 21h04
C'est maintenant que les avis d'imposition débarquent et que les effets de
la CFE se font ressentir. Mais cette décision des élus de l'agglomération de multiplier
par trois la base de l'impôt n'est pas nouvelle. Elle a été votée le 30 septembre
2011 (notre édition du 1er octobre 2011) à la majorité, avec 46
voix pour, 22 contre et huit abstentions.
Il y a plus d'un an donc, en conseil, il était expliqué que cette
contribution foncière des entreprises permettrait de compenser la perte de la
taxe professionnelle, supprimée en 2009. « Un amendement permet aux
collectivités de revaloriser la base minimale », avait alors expliqué
le président, Norbert Métairie. Pour l'agglomération de Lorient, il avait alors
proposé de multiplier par trois la base de l'impôt, ce qui est l'augmentation
maximum autorisée par la loi. « Je propose de passer de 2 000 à 6 000 €
à partir de 2012 », avait-il suggéré aux élus.
Même si la majorité des élus avait
finalement voté pour l'augmentation de la base de la CFE, certains n'avaient
pas manqué de faire entendre leur opposition. « Vous choisissez encore
une fois de ponctionner les entreprises locales », avait critiqué Jean
Le Bot, conseiller municipal d'opposition à Lorient.
Muriel Jourda, maire de Port-Louis,
était aussi intervenue dans le même sens : « Je trouve
anormal qu'une collectivité ponctionne les entreprises quand elle se sent en
danger. Au final, ce sont les commerçants qui vont être touchés de plein fouet
».
De son côté, Loïc Le Meur avait suggéré
une augmentation moins importante « pour mesurer l'impact que cela
aurait sur les commerces ».
À ces arguments, Norbert Métairie avait
répondu que « jusqu'à présent, tout un tas de professions libérales
étaient épargnées. Pour moi, revaloriser le niveau de base c'est de la justice
fiscale ».
Le président était même allé plus loin : «
C'est un choix important. Je refuse d'augmenter les impôts ménage et je ne veux
pas non plus toucher au versement transport [la taxe payée par les
entreprises de plus de 9 salariés]. Nous voulons nous donner une
capacité d'autofinancement qui compense les pertes que nous avons par ailleurs.
Dans ce système, il y a des gagnants et des perdants », avait-il conclu.